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Habiter

Du désir au projet, le concept d’habiter relève d’un « trait fondamental de la condition humaine » tel que l’énonçait le philosophe Martin Heidegger dans son essai « Bâtir, Habiter, Penser ».

De tout temps, l’Homme a eu besoin de trouver un refuge, de se protéger de menaces (climatiques, belligérantes, etc.). Se construire un foyer où se réchauffer l’âme et le corps… Ce serait donc la relation que les Hommes entretiennent avec leur logement qui permettrait l’« habiter ». Dans son traité d’architecture, Vitruve développe, au 1er siècle avant J.-C., l’idée que la cabane primitive de nos ancêtres incarne les prémices de l’architecture. Tenant compte de l’éventail des formes urbaines et architecturales, des statuts juridiques encadrés, des prix de l’immobilier plus fragiles que ceux du foncier au regard de ce fameux « effet cliquet1 », c’est davantage la diversité des modes d’habiter dont cet article fait l’objet.


Délimitant physiquement le dehors du dedans, l’espace public de l’espace privé, le logement constitue l’espace du « soi », un territoire de l’intimité. Le fait d’habiter une maison, un appartement, une chambre d’étudiant et de se l’approprier en y agençant nos affaires personnelles, en décorant ces murs plus ou moins blancs selon l’épaisseur du temps, serait-il le reflet de l’état intime de ce que nous sommes ?

Derrière la porte se jouent ainsi la mise en scène de notre propre vie, la répétition de gestes, incarnent des marqueurs spatio-temporels de nos habitudes, de nos manières d’être… Être et avoir réunis entre quatre murs, un dialogue pouvant parfois produire des fissures…

L’« habiter » comme expérience de soi et des autres, ancrée dans une dimension géographique, se comprend donc comme un processus dynamique où s’entremêlent représentations et pratiques.


Habiter, issu du latin habitare, terme intrinsèquement lié à celui d’habere signifiant « avoir, posséder » est une construction socioculturelle qui n’a eu de cesse d’être renouvelée au fil des époques.


Réponse à des besoins vitaux, avènement du courant hygiéniste, puis fonction récréative dans les sociétés industrielles, la résolution des problèmes liés aux interactions entre l’implantation des Hommes et leur environnement a profondément transformé nos manières d’habiter. La résurgence de cette notion à l’aube des années 2000 doit s’observer au regard des transformations urbaines de nos sociétés contemporaines. Alors que plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine, ce n’est pas tant la forme des habitations qui interpelle que les modes de vie, la multiplicité des urbanités et les systèmes de valeurs qui les sous-tendent.


Avec l’avènement d’une économie plus collaborative, la notion sacrée de la propriété évolue vers une volonté de partage de biens communs. L’habitat n’échappe pas à cette mouvance et les limites entre intérieur et extérieur ont tendance à s’estomper, à plusieurs échelles : logement partagé, rue piétonnisée ou encore quartier aménagé par ses habitants voient le jour. En creux d’un nouveau paradigme - incarné à travers ces nouvelles manières d’habiter, plus écologique, plus démocratique - se jouerait une tentative de réappropriation de nos propres conditions d’existence.


« Sa maison est en carton, les escaliers sont en papiers… », cette comptine chantée à tue-tête lorsque nous nous époumonions dans la cour de récré, théâtre ouvert pour un acte de quinze minutes de fête, nous invite à nous intéresser à une conception écologique de nos habitations.



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